Envie de dormir... la seule envie qui me reste, me dis-je... il est vrai que depuis quelques jours j'ai un petit moral. J'ai souvent des douleurs, et pour arranger le tout, ma compagne m'a dit que j'ai cauchemardé plusieurs fois, ces 15 derniers jours... Effectivement, je me rappelle de bribes de rêves, où il était question de feu ma femme, du gamin, et de problèmes dans mon ex boulot, le tout bien sûr, dans des situations pas possibles et donc stressantes...Bon Dieu, combien de temps ces pénibles moments vont-ils encore me poursuivre ? Qu'est-ce que je n'ai pas encore réglé dans ma tête ? J'aspire à l'apaisement, et le sommeil est sans doute une fuite, me dis-je ?

Venant de regarder un film catastrophe où le héros décide plus ou moins de se sacrifier pour sauver les autres, et où à la fin les gens partent de chez eux pour se réunir ailleurs, je me suis demandée si moi, je pourrais me sacrifier ainsi, je crois bien que oui, et je crois aussi qu'en cas de catastrophe, je ne déciderai pas de partir mais de rester là en attendant que la vie se termine... et tout d'un coup, je me dis que ce doit être cela, la vieillesse ? Oui là, maintenant, j'ai l'impression d'être vieux: je ressasse souvent des faits de ma jeunesse, que j'ai cessé depuis longtemps d'espèrer reproduire. Cela fait bien 2 ans que je n'ai pas skié, et j'ai bien envie de reprendre un peu... tout à la fois que j'ai un peu peur aussi, et ça, c'est très nouveau pour moi: j'ai 62 ans je skie depuis l'âge de 6 ans, autant dire que je ne suis pas un débutant et que je peux passer à peu près partout: je le sais parce que autrefois, avec les copains, je suis passé par des endroits un peu olé-olé, dont je ne me suis pas vanté. Ces douces folies ne m'ont pas duré: dès lors que je connaissais mes limites cela me suffisait, et je ne les ai donc pas renouvelés. Cela m'a fait un peu la même chose en escalade, plus tard:  il y a des époques où on a envie de se prouver des choses et puis ça passe.
Mais bon, aujourd'hui, j'ai une certaine appréhension... à dire vrai, j'ai beaucoup d'appréhension depuis que j'ai frôlé la catastrophe avec cette embolie pulmonaire, et je dois dire que j'ai de moins en moins envie de partir me balader seul, par exemple, alors que j'ai toujours adoré ça, de même qu'aller skier seul. Aller en montagne, n'en parlons pas: cette dernière chose, je suis sûr que je ne le referai jamais seul. Bref je sens que j'évolue, et pas dans le bon sens...
Puis, je regarde un documentaire sur le crash de cet avion Uruguayen, en 1972 dans les Andes, ou une vingtaine de personnes ont survécu envers et contre tout, et deux, notamment, qui ont parcouru à pied 60 km dans des conditions effroyables, pour aller chercher du secours. L'un d'entre eux, beaucoup plus tard, dira que le bonheur tient à peu de petites choses et que nous encombront nos vies de beaucoup trop d'éléments. Il dira aussi que la famille est ce qui nous raccroche à la vie. Cela m'a fait du bien de revoir ce documentaire, que j'ai déjà vu une ou deux fois (il me semble d'ailleurs, que j'ai aussi lu le bouquin: les survivants) et cela m'a fait du bien aussi d'entendre cet homme dire ça.
Je vais dormir, puis demain je reprendrai ma vie.

Je me retrouve au lit et je décide de ne pas mettre de réveil: en effet, pourquoi mettre un réveil alors que je n'ai rien de précis à faire ? Ah si, mon médecin m'a demandé de faire mon analyse de sang annuelle...bah, pourvu que je sois à jeun, peu importe que j'y aille à 8h ou à 11h, n'est-ce pas ?   donc pas de réveil. Un bon sommeil réparateur. Je regarde l'heure: 2h30 du matin ! Quand je ne fais rien d'une journée, le soir, j'ai tendance à me coucher très tard... en regardant la télé: quelle super occupation. Pourtant, je sais bien que ça ne me vaut rien, et question physique, et question moral. Là, je sens que je tombe littéralement de sommeil: j'ai du mal à aligner deux idées, comme si j'avais de temps en temps de petites pertes de conscience... j'éteins la lumière, et je sombre presque tout de suite; je dis presque car j'entends quelques bruits dans la maison: je crois qu'il y a du vent dehors ? Je ne sais pas quand le sommeil est venu...