Il fait beau, ce vendredi, mais ça sent la rentrée...
Je sens le stress de ma compagne qui commence à monter, et c'est un signe: oui la rentrée est proche.

Je vais faire une course , à pied, en ville et ça sent la rentrée: quelques feuilles mortes jonchent le sol, les gens s'activent à droite et à gauche. Je suis rentré chez moi, hier, et ça aussi c'est un signe.

Ça ne me dérangerait pas plus que cela, si je n'avais qu'un petit problème à régler avec mon voisin: il a installé un nouveau mode de filtration sur sa piscine hors sol, et le moteur de sa pompe émet un petit sifflement continu, que parfois il m'arrive d'entendre de chez moi lorsque j'ouvre les fenêtres. Alors bien sûr le nombre de décibels n'est pas extrêmement élevé mais ce sifflement est quand même légèrement entêtant quand on l'entend toute la journée: je suis souvent dehors au jardin, et par exemple, lorsque je suis dehors dans mon potager à sarcler, soigner mes plantations je l'entends plein pot ! Je veux déguster une petite bière dehors après l'effort, je veux déjeuner ou dîner dehors, je l'entends, je veux regarder les étoiles le soir, je l'entends. Il est vrai que cela dépend des jours: ce doit être aussi selon le vent. Au début des mois de congé, je m'étais dit que j'allais le lui signaler, et puis je devais partir loin en séjour,  et je me suis dit que je verrai cela à ma rentrée. Malheureusement, lui est parti le lendemain de ma rentrée,  couvrant soigneusement sa piscine, mais laissant la pompe tourner !  voilà que j'étais obligé de subir ce désagrément sans rien pouvoir faire... Ma foi, j'ai décidé de prolonger mon séjour chez ma compagne. Je suis revenu hier. Aujourd'hui en allant faire les courses, nous avons vu que le voisin était revenu... je dois donc prendre mon courage à deux mains et aller le voir. Je m'étais dit que j'allais le toper dans son jardin à l'occasion afin de lui en parler gentiment et ne pas trop formaliser la chose: contrairement à mon frangin, je suis persuadé que selon le ton que l'on emploie avec les gens, ils peuvent se montrer plus ou moins compréhensifs. Mon frère, lui, est plutôt du genre rentre-dedans et plutôt agressivement: il dit que ces gens-là ne comprennent que cela. Peut-être...et peut-être pas. J'ai encore quelques illusions. Toujours est-il, qu'il faut que je m'arme de courage et que j'y aille, sinon ça va me pourrir la vie....

ce qui m'a un peu énervé, je dois dire, c'est que mon frangin à qui j'en avais parlé, m'a appelé le jour de mon départ en vacances alors que j'étais déjà sur la route pour me rappeler cette histoire de moteur alors que je commençais déjà à l'oublier. Bon ça partait d'une bonne intention, je le sais: il voulait me dire qu'on aurait des moyens de pression, mais ça m'a énervé quand même ( d'autant plus qu'on s'aperçoit aujourd'hui, qu'on a pas tant de moyens de pression que ça) . Le problème, c'est qu'au retour, je venais à peine de débarquer chez moi, qu'il m'appelle et pour me remettre encore cette histoire sur le tapis, et qu'il fallait que je fasse quelque chose très vite. Là aussi, je dois dire que cela m'a passablement énervé, car  je venais juste de rentrer et j'avais autre chose à penser ce jour-là, et je n'avais pas envie de replonger de suite dans les problèmes de cet ordre. Là aussi cela partait d'une bonne intention, mais n'empêche que ça m'a énervé. Quand je pense que bien souvent il a eu dit à ma sœur: oublie un peu. Bon évidemment plus je laisse traîner et pire c'est: une fois que j'aurais agi, cela ira sûrement mieux...ou pas. À dire vrai, c'est le ou pas qui m'ennuie: si j'étais sûr que mon voisin allait me dire "oh mais bien sûr monsieur, toutes mes excuses, je vais faire ça de suite, aucun problème" je ne m'en ferais pas autant. Le problème est que je ne suis pas sûr du tout que ce con va me dire ça, vu la réaction qu'il avait eu la dernière fois.

À part cela je recommence à me poser quelques questions existentielles... des fois, je me dis que lorsqu'on est à la retraite, ou quasiment, on se retrouve à devoir passer le temps en attendant...
En attendant quoi, d'ailleurs ? Et passer le temps en faisant quoi ? Se promener, jardiner, bricoler, rien de vraiment constructif, ça ne va pas chercher loin. Lorsque j'étais encore en activité, je me disais que lorsque je serai à la retraite, je pourrais voyager partout en France: je prendrai ma voiture et je roulerais le plus loin que je pourrais, je trouverai une chambre dans un hôtel pour la nuit, je resterai le temps qui me plairait, puis je repartirais. Seulement, ça ne se passe pas tout à fait comme cela: d'une part, tout seul, ce n'est pas très évident, du moins pour moi: je manque cruellement d'enthousiasme, lorsque je suis seul. Et puis j'ai rencontré ma compagne - ce qui était beaucoup mieux - ma compagne, qui, elle, travaille encore, et donc pendant qu'elle travaille, il faut bien que je m'occupe... alors parfois je reçois mes frères et soeur. Du coup, je n'ai pas vraiment de temps vraiment libre à moi. Mais pour faire quoi ? Est-ce vraiment un mal ? Et puis il y a eu mes problèmes de santé, qui font que je suis, aujourd'hui, beaucoup moins serein quand je suis seul:  je n'ose plus trop aller me balader loin, tout seul, par exemple:  je n'aurais pas envie d'agoniser tout seul dans un coin perdu de la campagne ou de la montagne...

Et puis, il y a eu ce foutu virus qui a mis le bazar dans nos vies, limitant nos déplacements, limitant nos relations avec les autres.  

Du coup, je suis un peu perdu...
Alors, je me laisse aller, et porter par les courants...

Je continue ma vie pépère, en ne faisant pas grand-chose. Mais que faire ?

Des fois je me demande si je ne devrais pas aller voir un psy...
Il me manque d'avoir une activité prenante, une passion... je dis ça et pourtant j'ai des passions: l'informatique, l'écriture, tout comme je songe parfois à me remettre au dessin, à aménager mon atelier et imaginer toutes ces inventions auxquelles je rêvais, seulement voilà, certains jours je n'ai envie de rien.

Et tout d'un coup, je me rappelle que je voulais aller à la bibliothèque, que j'ai un coin de jardin qu'il me reste à tondre, que j'ai des trucs à amener à la déchetterie, sans oublier le ménage dans toute la maison. Si je voulais, j'aurais plein de choses à faire...

Je vais commencer par la bibliothèque, je crois parce qu'il fait un peu chaud pour la tonte.